Prenant pour base de travail les statistiques nationales, notamment celle qui souligne l'indécision d'un élève sur deux à l'âge de 15 ans, Frédéric Demuynck œuvre avec conviction. Cette année, il a géré 84 élèves, avec le sentiment de ne pas avoir perdu son temps. « Ceux qui n'ont pas eu conscience de la chance qui a été la leur de partir de zéro pour commencer à découvrir l'univers professionnel ne représentent que 4 % ».Son retour d'expérience, l'enseignant l'étaye volontiers en égrenant les exemples significatifs. Avant tout, les cas faisant la démonstration d'un stage qui n'a pas été suivi de manière contrainte et forcée.
« Des vocations ont été confirmées »
« J'ai en mémoire le cas du fils d'un gendarme de Vezzani qui voulait faire son stage en boulangerie. Pour lui, on a même trouvé les moyens d'aller au-delà du respect des horaires pour lui permettre de passer une nuit au four. À la fin de l'année, ses bons résultats lui donnaient l'accès à n'importe quelle seconde. Il a opté pour le centre de formation des apprentis pour rester fidèle à sa vocation ».Frédéric Demuynck insiste, par ailleurs, sur la situation inverse qui, à ses yeux, est tout aussi intéressante. « Par exemple celles des collégiennes qui voulaient devenir coiffeuses, et qui ont eu besoin d'y consacrer leur stage pour comprendre qu'elles n'étaient pas faites pour ce métier. En définitive, des vocations ont été confirmées, d'autres élèves ont compris qu'ils devaient passer à autre chose ».
Un mot sur le contexte. L'enseignant ne peut l'occulter, considérant que le collège qui n'offre qu'une seule voie de la 6e à la 3e a fait reculer la question de l'insertion professionnelle à ce niveau de la scolarité. « Il y avait, autrefois, l'opportunité d'accéder aux filières professionnelles après la 5e. De préparer un BEP ou un CAP. Le stage de 3e permet de remédier à ce recul et de revaloriser certaines filières d'enseignement ».
Ce stage, une toute petite semaine dans une année scolaire, réserve parfois d'énormes surprises, jusqu'à rendre l'espoir à des causes presque perdues. « Parfois, les élèves les plus pénibles en classe sont les plus performants dès le premier contact avec l'entreprise. L'un d'eux m'en a même voulu parce que je n'ai pu aller le voir sur place. Le stage en 3e, c'est souvent un déclic dans l'orientation professionnelle ».
Frédéric Demuynck ne compte pas ses efforts. « C'est du boulot, c'est vrai, mais dans cette mission, j'ai vraiment le sentiment d'une grande utilité ».
Pas négligeable du tout, dans un univers scolaire où l'enseignant a souvent le sentiment de vivre le contraire.