Capitaine Louis Milelli   
        Profession : d’infanterie corse du 99ème R.I. (Régiment d’Infanterie)
        Qualité : Corse
        Date de naissance : 1888-1983

Notice

 

Louis Milelli

source photo : Arch. Jacques Lévi
crédit photo : D.R.

Le capitaine Louis Milelli* est né à Vezzani (Corse) en 1888 et habite à Lyon au 1er étage du 9, place des Célestins.

Depuis le 11 novembre 1942, date à laquelle les Alliés anglo-américains ont débarqué en Afrique du Nord, l’armée allemande occupe tout le territoire français, et la Gestapo, qui l’accompagne, fait la chasse aux Juifs dans ce qui fut la "zone libre" en vue de leur déportation. La France collabore très efficacement à cette chasse par le biais de la Milice, créée par le gouvernement de Vichy le 30 janvier 1943. Les Juifs vivent désormais une angoisse de chaque instant, de jour comme de nuit. Cette menace mortelle revêt diverses formes, les unes plus hideuses que les autres : la perspective permanente d’entendre tout à coup de violents coups de poing assénés par les gestapistes à la porte du logis, les rafles soudaines aux terrasses de café, aux sorties de cinéma ou, simplement, en pleine rue. Le soir, on s’endort la peur au ventre pour se réveiller le lendemain matin, la peur au ventre.

Fin 1942, Walter et Hilde Lévi et leur fils Jacques
, alors âgé de 3 ans, résident au 3ème étage du 9, place des Célestins à Lyon.
Au début de l'année 1943, Walter Levi était parvenu à la conclusion qu’il fallait quitter au plus vite Lyon, où trop de personnes les connaissaient sous leur nom de Lévi, et passer dans la clandestinité sous un faux nom.
Ils étaient à la merci de la moindre délation, ce qui se pratiquait couramment à cette époque de pénurie, dans un but notamment lucratif : cela pouvait rapporter des denrées rares à l’époque, telles que du beurre ou du sucre.

Walter Lévi put se procurer de fausses cartes d’identité mais il lui manquait encore un faux livret militaire. La "Providence" vint à son secours en la personne de son voisin du 1er étage, Louis Milelli*, un capitaine d’infanterie corse du 99ème R.I. (Régiment d’Infanterie). Ce dernier accepta d’établir, sans contrepartie financière, le faux livret militaire en question, aux termes duquel Walter Lévi était soi-disant affecté à ce même 99ème R.I..
 
Louis Milelli* prenait un risque énorme car si, par malheur, les Lévi avaient été capturés avec ces faux papiers, la moindre enquête policière sur l’origine du faux aurait conduit tout droit au capitaine. En effet, l’aide apportée aux Juifs représentait à l’époque un délit grave qui pouvait être puni de déportation, donc de mort. En outre, le capitaine "aggrava" encore son cas en se chargeant de faire authentifier les fausses cartes d’identité des Lévi par le commissariat de police du quartier. C’est donc grâce à lui qu'ils purent quitter Lyon sous leur nouvelle identité vers avril 1943 pour se réfugier dans un village du Sud-Ouest.
A leur retour à Lyon après la libération de la ville fin 1944, les Lévi apprirent que sur dénonciation du fils de la boulangère du quartier qui était milicien, la Gestapo était venue pour les arrêter un ou deux jours après notre fuite.


Hilde Lévi, rédigea ses mémoires en allemand, sa langue maternelle, après la fin de la guerre.
En août 2005, Jacques qui se trouvait près de sa mère à Lyon se décida à traduire ses souvenirs en français à l’attention de ses fils.
Parvenu à l’épisode du capitaine corse, Louis Milelli*, il prit alors pour la première fois toute la mesure du risque périlleux que cet homme providentiel avait pris en accomplissant ce que lui avait dicté sa conscience.
Il éprouva alors le besoin de retrouver la trace de ce héros. Or, 62 ans s’étaient déjà écoulés depuis ces événements tragiques.
Hilde Lévi avait orthographié Milelli "Milleli". Louis Milelli* était, selon toutes probabilités, décédé et Jacques ignorait tout de sa famille.
A tout hasard, il consultât l’annuaire téléphonique du Rhône : il n’y figurait aucun abonné sous ce nom. En revanche, en Corse il trouva 26 "Milelli" et un "Milleli" à qui il téléphonât :
- Bonjour, je vous appelle de Lyon pour retrouver les traces d’un monsieur portant votre nom qui, durant les années de la 2ème Guerre mondiale, servait dans l’Armée de Terre et habitait Lyon.
- En effet, Louis Milelli*, mon grand-père, a effectivement servi au 99ème R.I. stationné dans la région lyonnaise et résidait à Lyon.
- Savez-vous à quelle adresse exactement ?
- 9, place des Célestins.
- Ça alors, voilà qui est prodigieux ! Vit-il encore ?
répondit Jacques stupéfait.
- Non, il est décédé il y a déjà plus de 20 ans.
- Des 27 Milelli que j’ai trouvé dans l’annuaire, êtes-vous le seul dont le patronyme s’orthographie Milleli ?
- Pas du tout, le nom est bien Milelli comme tous les autres, il s’agit sans doute d’une erreur de la Poste
.

Jacques exposât alors la raison de son appel en lui exprimant la joie ressentie d’avoir retrouvé les traces de son grand-père.
Le jour même de cet entretien, Jacques rapportât à sa mère le résultat de ses recherches et son entretien avec le petit-fils de Louis Milelli*. Elle en éprouva une profonde émotion.
Ils prirent la décision d’entamer des démarches auprès de Yad Vashem pour que soit décernée, à titre posthume, la médaille des Justes des Nations à Louis Milelli*.

La cérémonie eut lieu le 20 novembre 2007 à Vezzani même, près de Corte, selon la volonté de la famille Milelli, dans le village où avait vécu et est inhumé le capitaine Louis Milelli* et où réside l’un de ses petits-fils.

Notice réalisée selon le témoignage de Jacques Lévi.

Cette notice est réalisée avec le concours du Comité français pour Yad Vashem


Familles hébergées, cachées, aidées ou sauvées par Louis Milelli

Jacques Lévi
Walter Lévi
Hilde Lévi


Chronologie

20/11/2007 - Le 20 novembre 2007 à la mairie de Vezzani (20240), remise de la médaille des Justes décernée par Yad Vashem aux ayant droit de Louis Milelli.


Liens externes

1 Blog sur quelques Justes et sur le livre (Blog hébergé par la Tribune de Genève sur quelques justes honorés par Yad Vashem sur l'intervention du délégué pour la Suisse et la région frontalière Ain et Haute-Savoie, Herbert Herz, ainsi que sur divers événements organisés autour de la parution du livre "Mon combat dans la Résistance FTP-MOI" )
2 Le site du poète Pierre Emmanuel (Le site officiel du poète Pierre Emmanuel. Vous y trouverez aussi des pages sur sa vie et son action à Dieulefit durant la guerre, à Beauvallon, puis à la Roseraie. )
3 Guy Sanglerat, ancien membre du Coq Enchaîné (Le Coq Enchaîné était un réseau de résistance de la région qui pendant l'occupation allemande rassemblait des syndicalistes, des socialistes et des radicaux de la mouvance d’Édouard Herriot. Membre du réseau, Guy Sanglerat publie ses souvenirs.. )
4 Le Coq enchaîné (Le Coq enchaîné : un journal clandestin sous l'occupation allemande. Le premier numéro fait son apparition en mars 1942. Les membres du Coq Enchaîné mèneront aussi des actions de résistance. Il a compté jusqu'à 400 membres. Le réseau sera décimé en 1943. Guy Sanglerat raconte ... )
5 Exposition "L'enfant cachée" (Exposition pédagogique pour accompagner la lecture de l'album L'enfant cachée (Le Lombard, 2012) et découvrir l'Histoire. 2012)   


 

Source : http://www.ajpn.org/juste-Louis-Milelli-1979.html
 
 



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